Retrouvailles après… 65 années
Incorporés de force dans l’armée allemande, Marcel Nierengarten et Aloyse Lett furent prisonniers de guerre et connurent, ensemble, la captivité au camp de Tambow en Russie. Libérés le même jour et de retour dans le Bitcherland en novembre 1945, ils ne s’étaient pas revus depuis…
C’est une histoire émouvante que viennent de vivre nos deux octogénaires qui ne s’étaient pas revus depuis 65 années et qui se sont retrouvés grâce à un article paru dans le Républicain Lorrain à l’automne dernier. Lorsqu’ils sont rentrés de Russie où ils ont dormi côte à côte sur de simples planches en bois durant plusieurs mois, ils ont omis de se remettre mutuellement leurs noms et adresses et ainsi, se sont perdus de vue.
Marcel Nierengarten, plus connu sous le pseudo « De Marcel von de Soucht », est né à Strasbourg le 1er septembre 1926 et viens habiter à Soucht à l’âge de sept ans. Après ses premières années passées à la verrerie de Meisenthal, il est incorporé de force dans l’armée allemande à 17 ans et demi et envoyé au Front en Russie. Capturé au début 1945, il est retenu prisonnier pendant trois mois en Sibérie, puis trois mois à Tambow.
Aloyse Lett est né le 20 juin 1927 à Bliesbrück et, en mai 1942, débute son apprentissage aux Etablissements Kratz de Sarreguemines, dans le domaine de la construction de coffres-forts. A l’âge de 17 ans, le 17 novembre 1944, il est incorporé de force dans l’armée allemande et, le 18 août 1945, fait prisonnier et envoyé en captivité au camp de Tambow en Russie.
C’est là que nos deux amis vont faire connaissance et passer les trois mois les plus pénibles de leur existence. Marcel nous relate aujourd’hui, dans un petit texte de rimes et en dialecte local, cette période sombre de leur vie. Il y raconte leur quotidien, les conditions de vie et d’hygiène, les travaux journaliers, et enfin le jour, tant attendu, de l’annonce de leur libération imminente. Ayant appris quelques mots en russe, Marcel a vite compris ce que leur gardien leur a annoncé un matin de novembre 45 « Idi Souda Kamerad. Damoï niet raboti. Damoï Bajégeli. Karascho !». Ce qui signifiait « Demain vous n’irez plus travailler. Demain vous prenez le train pour rentrer chez vous. Compris ? (Karascho ?) «
Le lendemain, ils ont pris le train à la gare de Rada pour Frankfort, puis Strasbourg pour rejoindre Sarreguemines le 23 novembre 1945. Chacun est rentré dans sa famille et la vie a repris son cours normal : travailler et créer une famille. Même si chacun, de son coté, a essayé de retrouver l’autre, cela n’a pas abouti. Jusqu’au jour de l’automne 2010, lorsque Marcel a ouvert le Républicain Lorrain et a découvert un article relatant les Noces de Diamant de Alphonsine et Aloyse Lett, avec la petite photo en médaillon. Il a appelé son épouse Georgette en criant « c’est lui ». Qui ça, lui ? C’est Aloyse, c’est lui, c’est mon copain de Tambow… ».
Après les retrouvailles émouvantes au téléphone, ils se sont enlacés longuement, et en pleurs, dès leur première rencontre physique. Depuis ce jour mémorable, ils se rencontrent régulièrement pour parler un peu de leur captivité, mais surtout de leur vie familiale et associative, de leurs métiers, et des bons moments qu’ils vont encore vivre ensemble.
Humoriste et musicien, Marcel n’hésite pas, à chacune de leurs rencontres, à sortir son bel accordéon de son étui pour jouer quelques airs anciens de leur jeunesse.
(source: Jeannot Gaeng pour le Républicain Lorrain)
Chauffe Marcel! Un petit air d’accordéon ça fait toujours du bien et ça aide à faire fondre la neige du côté de la « Raïters-Tal » …
bonjour Monsieur Marcel Nierengarten
votre fils Daniel, m’a parlé beaucoup de vous.Il en a fait peut être de même en ce qui me concerne.
Je viens vous remercier, il n’est jamais trop tard, pour l’article sur mon ami Claude Vanony. Je dis bien ami. Je connais ce vosgien de Gérardmer.
En tout cas encore merci. Je vous souhaite une bonne santé. Peut être à bientôt.
Mr Bruley Jean François.