Charly DAMM, Lorsqu’on revient au pays….
Charly Damm est un être d’exception. Né à Soucht en 1953, il sait tout faire : scénariste, auteur, compositeur, comédien, chanteur, musicien, écrivain…Après 30 années passées en Alsace, il revient s’installer dans le Bitcherland où il vient de créer le groupe « d’Lichtbéble » et travaille sur un nouveau spectacle historique.
»A 12 ans, on m’a envoyé faire des études chez les curés. Je ne retrouvai mon village de Soucht que cinq fois par an aux périodes de vacances ». 42 ans plus tard, Charly Damm se rappelle de cette époque comme si c’était hier et, s’il était inévitable qu’à partir de ce moment là , il y a eu une certaine « cassure » avec la vie au village qu’il avait vécue jusque là , il n’en est pas moins vrai qu’avec le temps, le retour aux sources était devenu pour lui tout aussi inévitable : »on revient toujours vers les choses qu’on a aimées et qui ont marqué l’enfance. A défaut, on s’en rapproche le plus possible ».
De fait, s’il n’est pas revenu à Soucht même, il s’est installé il y a un an à quelques encablures de son village natal, à Baerenthal.
Entre temps, il a passé 30 années en Alsace, où, il est vrai, il est davantage connu que dans le Pays de Bitche, mais pas pour des raisons professionnelles.
« En 1974, j’ai passé le concours d’inspecteur de police et, à la sortie de l’école, j’ai eu le choix entre plusieurs villes de l’Est. J’ai choisi Strasbourg, car cette ville possède un monument qui m’a toujours fasciné : sa cathédrale ».
Artiste et historien
Charly a travaillé pendant 30 ans à l’ombre de la cathédrale dans différents commissariats de la ville. En 1977, il s’installe à Brumath où il se met à étudier l’histoire de cette ville et plus généralement, l’histoire de l’Alsace.»L’histoire a toujours été une de mes passions. Je l’ai même enseignée pendant une année ». Dans les années 80, il assiste à différents spectacles historiques qui l’interpellent : « c’étaient des spectacles très bien faits en général, mais auxquels il manquait quelque chose : la musique et le chant », les deux autres passions de Charly. »Dans ma maison maternelle, chez les Heydorff, on chantait plus qu’on ne parlait ». Il se met alors à écrire le scénario d’un spectacle historique comprenant des parties chantées : un procès de sorcellerie qui a eu lieu à Brumath au 17e siècle. Il crée l’Association des Scènes de la Vie Brumathoise qu’il présidera pendant 15 années et se met à recruter comédiens, musiciens, chanteurs, danseurs, figurants et techniciens du cru : »Brumath comptait à ce moment là 63 associations, c’est-à -dire un vivier extraordinaire ».
En novembre 1987, en cinq représentations, son premier spectacle « le procès d’Elisa Barbara Gruss », interprété par 150 amateurs, sera applaudi par 1500 spectateurs. La machine est lancé : un spectacle historique tous les deux ans :
« un an pour écrire le scénario, les musiques et les chants et un an pour réaliser le projet ». Suivent dans l’ordre : »Brumath, lève-toi » en 1989 ; « l’Entre Deux » en 1991 qui évoquera l’histoire de l’Alsace de 1918 à 1939. Et en 1993 « Isaac » l’histoire des Juifs en Alsace. « Là , nous sommes arrivés à un tournant. La salle de spectacle de Brumath n’était plus assez grande pour accueillir tout le monde ». Qu’à cela ne tienne, Charly emmène toute la troupe (200 personnes) au Palais des Congrès de Strasbourg pour six représentations qui se joueront à guichets fermés. Pour ce spectacle, Charly sera lauréat de la Fondation Alsace. Suivent trois autres spectacles dont « les Malgré Nous ». Le Palais des Congrès étant lui aussi devenu trop petit, il loue le Hall Rhénus, pour y faire évoluer ses 300 comédiens, musiciens et choristes. On y refusera du monde tous les soirs. En 2000, après l’adaptation de « la ferme des animaux » de Orwell en comédie musicale, il décide d’arrêter les spectacles, il a envie de passer à autre chose.
Le retour
Silence pendant cinq ans. Fin novembre 2005, il publie son premier roman, forcément historique : »Niclaus Findel » ou l’extraordinaire histoire de Strasbourg entre 1250 et 1350. A ce jour, cet opus de 650 pages en est à sa seconde édition et en juin 2007, il a été couronné « meilleur roman historique » par les amis du Vieux Strasbourg qui remettent ce prix tous les …3 ans seulement.
En mars 2007, Charly, retraité de la Police et nouvellement installé à Baerenthal découvre l’œuvre de Louis Pinck, à savoir les 511 chansons que ce curé de Hambach a collecté entre 1908 et 1940. »Un patrimoine culturel unique en Europe, malheureusement tombé en désuétude ». Aussitôt, Charly crée, avec Serge Philippi à la guitare, Alain Thiel à l’accordéon et Jean Hulard aux flûtes, le groupe « d’Lichtbéble » (les lucioles). Tous les quatre travaillent les arrangements et les lignes mélodiques de 15 chansons de ce répertoire, avant de les interprèter fin octobre 2007 à la salle polyvalente de Soucht dans le cadre des 40 ans du Centre Culturel. En 2008, ils seront à l’affiche lors de nombreux festivals et actuellement les lucioles sont en studio d’enregistrement pour leur premier CD qui sera prêt, en principe, fin janvier 2008.
Parallèlement à ce gros travail, Charly prépare un nouveau…spectacle historique : »chassez le naturel, il revient au galop… » clame-t’il. C’est la ville de Bischwiller, près de Haguenau, qui vient de lui commander un spectacle pour le mois d’août 2008. Ce sera du 5 au 10, en nocturne.
- Quel thème as-tu retenu ? la tolérance dans l’histoire de Bischwiller
- Quel titre ? « Nous sommes tous des Alsaciens »
- Combien de participants ? environ 200….
A la question de savoir s’il n’est pas définitivement alsacien, notre homme vous répondra : »On ne peut pas tirer un trait sur une région que vous avez aimée pendant trente années et qui vous l’a bien rendue. Je crois que je suis alsacien de cœur, mais rassurez-vous, je suis et resterai un bitcherländer dans l’âme, quoiqu’il arrive ….. ».
photo: A bientôt 55 ans et natif de Soucht, Charly Damm revient vivre dans son bitcherland natal, après avoir vécu près de Strasbourg pendant une trentaine d’années.
(source: Jeannot Gaeng pour le Républicain Lorrain)