Louis Pinck n’est pas inconnu dans la région, puisqu’il est né à Lemberg en 1873. En 1901, il est ordonné prêtre, puis nommé vicaire à la cathédrale de Metz. En parallèle, il y dirige deux journaux catholiques « Lothringer Volkstimme » et « Metzer katolisches Volksblatt ». Profitant de ces deux organes de presse, il n’hésite pas à dénoncer, souvent au vitriol, les exactions des Prussiens, et, pour diverses raisons, il ira jusqu’à fustiger le roi de Prusse (l’Empereur Guillaume II) en personne.
Ce qui devait arriver, arriva, et, sur décision du Kayser, Pinck sera muté à Hambach, près de Sarreguemines. Là , il va se réveiller à la culture populaire pour ne plus la quitter jusqu’à son dernier souffle en 1940. A Hambach, il prend conscience de l’énorme héritage culturel que ses paroissiens se transmettent de génération en génération depuis des siècles à travers leurs chansons dites populaires.

L’incroyable travail de l’abbé Pinck
Conscient, bien avant tout le monde, de la fragilité d’un tel legs, il va collecter ces chants populaires dans sa paroisse, dans les villages environnants, et enfin dans toute la Moselle et une partie de l’Alsace. Il rassemblera ainsi très exactement 511 chansons populaires qu’il publiera dans cinq volumes.

Le génie de Louis Pinck aura été, non seulement de collecter les paroles de 511 chansons (ce qui est déjà un exploit colossal), mais il a également recopié et publié les mélodies y afférents, ainsi que l’historique des morceaux avec leurs variantes d’un village à l’autre, d’une région à l’autre, voire d’un pays à l’autre. Une autre caractéristique de son œuvre est sans conteste son honnêteté intellectuelle et morale, car il n’a censuré aucune chanson, malgré que bon nombre d’entre-elles contenaient des propos pour le moins licencieux, surtout pour l’époque. Aujourd’hui, Pinck est surtout connu en Allemagne (Sarre) où bon nombre des chansons qu’il a collectées ont été reprises et réarrangées pour des chœurs mixtes.

Sortir de l’oubli
Le jeune groupe « D’Lichtbeble » est composé de quatre musiciens- chanteurs chevronnés. C’est la découverte de l’œuvre de Louis Pinck qui les a poussé à la sortir de l’oubli pour la porter au public, car elle est exceptionnellement riche. Les chansons léguées par Pinck sont une mine inépuisable pour qui veut faire un voyage à travers le temps et l’espace de notre région. Elles nous renseignent de façon exhaustive sur les mentalités, les états d’esprit, les conceptions idéologiques, morales, religieuses, militaires à travers les âges. Pour le groupe, il a fallu classer les chansons par thèmes, éliminer les chansons à caractère religieux, pour ne garder que celles qu’on peut qualifier de profanes et ayant trait à l’amour, la guerre, le travail, le mariage,….

Une fois la sélection faite, nos musiciens ont repris les textes pour y apporter leur touche personnelle car, comme toute langue, le Platt a aussi évolué à travers les âges. Leur seul souci dans ce travail a consisté à n’altérer ou déformer ni l’esprit, ni l’âme du texte de la chanson. Le groupe « D’Lichtbeble » qui assurera le concert du samedi 27 octobre, lors de l’ouverture des festivités du 40e anniversaire du Centre Culturel est composé de Serge Philippi, 46 ans de Lemberg, à la guitare, Alain Thiel, 48 ans de Diesen, à l’accordéon, Jean Hulard, 57 ans d’Illkirch Graffenstaden (67), multi instrumentiste (flûte,clarinette,piano, batterie,…) et Charly Damm, 54 ans de Baerenthal et originaire de Soucht, à la mandoline.

S’ils ont choisi le nom « D’Lichtbeble », ce n’est ni anodin, ni innocent. Si (apparemment) les lucioles, petits insectes inoffensifs, ne servent à rien, elles ont toutefois le mérite d’éclairer, ne serait-ce que faiblement, nos nuits d’été par quelques rais de lumière fluorescente. En ce qui concerne ces quatre copains, ils n’ont pas la prétention de vouloir illuminer nos nuits. Leur seul but est de sortir de l’obscurité profonde, quelques lumineuses chansons reléguées dans les affres de l’oubli. Rendez-vous à la salle polyvalente de Soucht le samedi 27 octobre, vers 21 h 30, après la présentation des montages diapos et vidéo réalisés par le Centre Culturel. Entrée gratuite.

photo: Le groupe « D’Lichtbeble » créé en mars 2007 sera sur la scène de la salle polyvalente de Soucht ce samedi soir pour présenter de vieilles chansons populaires en dialecte.



(source: Jeannot Gaeng pour le Républicain Lorrain)