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Sortie d’un livre

04/12/2004

PAYS DE BITCHE : Sortie d’ un livre :  » Et ton dialecte, Franz ? écrit par Joseph Feisthauer

Ancien professeur de français et d’ allemand, Joseph Feisthauer se préoccupe depuis vingt cinq- ans du devenir du parler ancestral. Après son livre  » La vie des verriers du Pays de Bitche  » paru en novembre 2002, il présente un nouvel ouvrage qui s’ intitule  » Et ton dialecte, Franz ?  »

Entre Franz, un personnage de notre région du Nord- Est, et sa langue maternelle, c’ est une longue histoire d’ amour. Bien sûr, il a appris le français et s’ est mis à l’ aimer également, à une époque où l’ Ecole lui disait que son  » patois  » n’ était pas une vraie langue. Il a été séduit par cette nouvelle venue, nimbée du prestige d’ une langue universelle. Mais, que cette maîtresse jalouse et impérieuse voulait prendre toute la place, il ne l’ a compris que bien plus tard.

 » Elle est en train de partir seule et sans bruit, notre langue francique, pour se perdre dans les sables de l’ oubli… Beaucoup n’ ont même pas remarqué qu’ elle nous quittait « , écrit dans la préface Bernard Robin, président de la S.H.A.L. du Pays de Bitche, qui ajoute:  » Notre culture locale elle aussi est donc mortelle… Nos petits- enfants, devenus orphelins de notre langue- mère, rechercheront peut- être un jour ce continent perdu « .
Peut- on évaluer les pertes qu’ entraînerait cette disparition ? Franz les entrevoit et en est profondément bouleversé. En compagnie de personnages des contes de son enfance, qui viennent hanter ses rêves, il vit ce tournant de notre histoire à travers des aventures tour à tour drôles et dramatiques, toujours captivantes.

Joseph Feisthauer est aussi l’ auteur de cinq pièces de théâtre en dialecte et de plusieurs adaptations de Molière et de Kleist entre autres, représentées par le Centre Culturel de Soucht entre 1985 et 1995. Bernard Robin note à son propos : » Il reste heureusement parmi nous des hommes et des femmes qui n’ abdiquent pas…. Joseph Feisthauer est l’ un d’ entre eux et ce livre est son cri. Il nous montre avec talent combien est forte la nostalgie de ce parler presque perdu « .
Nous avons voulu en savoir un peu plus sur Franz et son histoire.

R.L : Qui est ce mystérieux Franz interpellé dans le titre ?

Joseph Feisthauer : Il est l’ un des français qui vivent entre Vosges et Rhin, et dans toute la frange frontalière du Nord- Est de la Moselle. Une aire linguistique qui dépasse très largement le Pays de Bitche ou l’ Alsace Bossue. Le point commun de tous ces gens est qu’ ils ont grandi avec un  » platt  » ou un  » alsacien « . Franz ? c’ est peut- être votre père ou votre grand- père, votre voisin ou votre conjoint, si vous venez  » de l’ intérieur « , comme on dit parfois. Franz…, c’est peut-être VOUS ! Mais lui va être entraîné dans un tourbillon d’ aventures extraordinaires.

R.L. : On sent une pointe d’ inquiétude dans cette question ?

J.F.: Sans doute ! Et elle est justifiée. Pour Franz son dialecte est sa langue maternelle, comme elle a été celle de ses ancêtres. Or Franz assiste à un bouleversement aussi profond que discret : sa langue de toujours, si ses enfants la parlent encore, elle ne sera sans doute plus celle de ses petits- enfants. Il a le sentiment de se trouver, evec elle, dans une impasse.

R.L. : Est-ce une raison de s’ alarmer ? Alors qu’ enfin tout le monde est capable de partler la langue nationale ?

J.F. : C’est très bien ainsi. Mais avec le risque de n’ être plus bilingue. Franz s’ en inquiète, et pas seulement pour des motifs sentimentaux. Il a peur qu’ un jour, ce petit peuple du Nord- Est de la France se trouve amputé d’ une part importante de son identité.

R.L. : Le sujet peut paraître à certains austère, voire rebutant ?

J.F. : Ayant peu de goût pour les idées abstraites, je me suis attaché à peindre des personnages, à les placer dans des scènes animées, à raconter des péripéties dramatiques ou drôles, toujours captivantes. L’ histoire se lit comme un roman aux multiples rebondisements et s’ adresse aussi à de jeunes lecteurs. Emotion et poésie ne sont jamais loin, sans compter l’ humour.

R.L. : De l’ humour noir sans doute, puisque l’ avenir apparaît sous un jour putôt pessimiste ?

J.F. : La situation est préoccupante, mais il n’ y a pas de fatalité. De nombreux signes encourageants laissent place à l’ espoir : la prise en compte de l’ allemand à l’ école, les émissions en dialecte sur des télés régionales, les cercles de  » platt « , les représentations théâtrales et les prestations de chanteurs en langue traditionnelle, etc….
 » Tant qu’ il restera des braises….  » le feu peut repartir de plus belle.  » Noch isch nit alles verlor !  »

L’ ouvrage de 192 pages, au format A5, sera disponible à la mi- décembre. Une souscription est lancée au prix de 12 E jusqu’ au 10 décembre, au- delà de cette date, le prix sera de 15 E. Les bulletins de souscription, disponibles un peu partout au Bitcherland, dans les Vosges du Nord et en Alsace bossue peuvent être adressés à l’ imprimerie Scheuer de Drulingen – 67320, ou à Joseph Feisthauer, 87a, rue d’ Ingwiller à 57620 – Goetzenbrück.

Légende photo : Joseph Feisthauer, ancien professeur de français et d’ allemand n’ en est pas à son coup d’ essai. Il est l’ auteur de plusieurs pièces de théâtre en dialecte et de plusieurs adaptations. Féru d’ histoire et de tradition locale avec son livre sur la vie des verriers paru en 2002, il est avant tout un nostalgique du dialecte, notre  » langue régionale « .

feisthauer

(source: Jeannot Gaeng pour le Républicain Lorrain)

Pasquale La vie de Soucht

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